Equilibre sylvo-cynégétique

En Alsace, le déséquilibre entre forêt et gibier perdure. Si la chasse rapporte un revenu direct aux propriétaires forestiers, les dégâts liés au gibier impliquent aussi des coûts et des conséquences sur l’écosystème, que doivent engager les propriétaires et gestionnaires forestiers, afin de préserver la ressource forestière et d’en assurer l’avenir. Il existe ainsi des situations où ces surcoûts dépassent largement les revenus de la chasse.

Cette situation a poussé les acteurs de la filière forêt-bois alsacienne, représentés par FIBOIS Alsace, à mener une étude pour illustrer et estimer les impacts négatifs du déséquilibre forêt-gibier sur le milieu forestier, qui doit assurer à la fois des fonctions économiques, sociales et environnementales.

 

LE DROIT DE CHASSE EN ALSACE

En Alsace, la chasse est soumise à un régime tout à fait spécifique, issu du droit local, et qui résulte notamment d’une loi du 7 février 1881, et applicable au Bas-Rhin, au Haut-Rhin et à la Moselle.

Les principales caractéristiques du droit de chasse alsacien sont les suivantes :

 

Type de propriété

Durée des baux de chasse

Responsable de la gestion de la chasse

Répartition des surfaces chassables (surface forestière + SAU[1])

Domaniale (cadre national)

12 ans

ONF

12%

Communale

9 ans

Commune

82%

Privée (- de 25 ha d’un seul tenant)

9 ans

Commune

Propriétaire réservataire

9 ans max.

Propriétaire réservataire

6%

 

La loi locale a donc confié au maire un rôle important en matière de gestion de la chasse : il administre en effet également la chasse des propriétaires privés agricoles et forestiers non réservataires. De ce fait, 82% des surfaces chassables[2] en Alsace sont gérées par les communes.

 

 

QUEL EST L'IMPACT D'UN EXCES DE GIBIER SUR LA FILIERE FORET-BOIS ?

En Alsace, plusieurs études, validées par des constats et des relevés de terrain (1989, 2004-2007), montrent que l’équilibre entre forêt et gibier n’est pas satisfaisant, à tel point que la viabilité de nombreuses forêts alsaciennes est remise en cause.

La trop forte pression du gibier a en effet un impact sur la biodiversité forestière. Elle fragilise également l’écosystème forestier et pose la question du renouvellement des forêts alsaciennes. Pour les propriétaires forestiers, elle peut entraîner :

-      Des surcoûts liés à la mise en place d’une protection des semis et des plants,

-      Des inversions d’essences, au profit d’essences économiquement moins intéressantes et écologiquement moins bien adaptées, notamment dans la perspective de changements climatiques

-      Des retards de croissance dans la régénération des forêts

-      La remise en cause d’objectifs de production de bois de qualité

-      Une dépréciation des bois à cause de l’écorçage, qui affecte la base des arbres, où se concentre leur volume, leur qualité et leur valeur

-      L’appauvrissement de la composition en essences des forêts, ce qui diminue leur capacité à se reconstituer après des aléas climatiques ou sanitaires

 

Ces effets néfastes impactent toute la filière forêt-bois. Ainsi, on observe depuis plusieurs années :

-          Une diminution du volume de bois disponible pour la récolte suite au rallongement des âges d’exploitabilité, dans l’attente d’une régénération

-          Une perte de matière première dans les scieries suite aux purges nécessaires dans les bois écorcés, liées aux dégâts d’écorçage des cervidés

Les différents acteurs de la filière redoutent par conséquent un « trou  de production » pour les années à venir.

 

>> Pour en savoir plus sur l’impact économique du déséquilibre forêt-gibier, cliquez ici.

>> Rapport détaillé : cliquez ici.



[1] Surfaces Agricoles Utiles

[2] Surfaces forestières et agricoles où la chasse est autorisée.